Le passage
à l’échelle au sens du FID : le déploiement des innovations à
impact  

Le soutien du passage à échelle de projets par le FID est conditionné par l’existence de preuves rigoureuses d’impact, ainsi qu’une vision et un plan crédible de trajectoire vers l’échelle, que le FID peut accompagner. En effet, même lorsque l’impact d’une innovation a été démontré avec une population réduite, son déploiement plus large soulève de nouvelles interrogations encore peu prises en charge dans l’écosystème de l’innovation : sur son impact, son coût-efficacité ou les aspects opérationnels de sa mise en œuvre à grande échelle. Des réponses étayées peuvent être apportées afin d’assurer un déploiement effectif et pérenne.

Les financements de passage à l’échelle peuvent prendre diverses formes et couvrir un large spectre d’activités, regroupées en trois grands ensembles : la transition vers le passage à l'échelle, l'essaimage et l'institutionnalisation.

Lorsqu’une première évaluation d’impact a fourni des données probantes sur l’efficacité de la solution à petite échelle, le FID soutient la transition vers un déploiement plus large. L’un des enjeux principaux à cette étape est de veiller à ce que les mécanismes ayant produit l’impact sur une population limitée soient fidèlement maintenus à mesure que l’intervention s’étend, souvent à travers de nouveaux partenaires de mise en œuvre. La stratégie consiste alors principalement, pour les équipes, à réaliser un suivi rigoureux de la qualité de la mise en œuvre de l’intervention déployée à large échelle, évaluer si les effets observés à échelle réduite se maintiennent et s’ils sont durables à moyen et long terme.

Par exemple, le projet mené dans le parc naturel de Virunga en République Démocratique du Congo vise à proposer une cuisson à l’électricité en alternative à l’utilisation du charbon de cuisson, afin de limiter les risques de maladies liées à la pollution de l’air à l’intérieur des foyers et de lutter contre la déforestation au sein du parc naturel national des Virunga .

Sur la base des résultats prometteurs de l’étude d’impact, l'entreprise sociale Virunga Energies procède aujourd’hui à la mise à l’échelle de son intervention, avec le soutien de l’Union européenne et du FID. Le financement doit permettre la distribution, d’ici octobre 2029, de cuiseurs électriques fortement subventionnés à plus de 52 000 ménages (près de 400 000 personnes) et l’évaluation des effets à long terme de leur adoption, tant au niveau des ménages que sur le marché plus large du charbon.

Ce nouveau financement permettra également d’identifier des stratégies permettant d’augmenter l’usage des autocuiseurs électriques au-delà des niveaux atteints lors de l’essai contrôlé randomisé en testant de nouvelles modalités : l’ajout d’une plaque à induction à deux feux pour offrir la possibilité de cuisiner deux plats en même temps sur le cuiseur, et la mise en place un programme incitatif « cook to earn» pour récompenser (à l’aide de revenus additionnels générés par les crédits carbone) les ménages ayant recours à la cuisson électrique.

Lors de la réplication et de l’expansion d’une innovation éprouvée dans de nouveaux contextes, le FID est un partenaire privilégié pour tester les adaptations nécessaires afin que l’intervention reste efficace et pertinente dans un autre pays, une nouvelle région ou auprès d’une population différente. Il s’agit alors pour les équipes de se demander à quelles conditions et selon quelles modalités l’intervention pourrait être étendue à de nouvelles géographies et/ou de nouvelles populations. Avec quelles adaptations, quelles nouvelles composantes ?

En Côte d’Ivoire, par exemple, le programme d’enseignement primaire ciblé par niveau d’apprentissage de TaRL Africa, est un essaimage d’un programme développé par l’ONG Indienne Pratham et ayant démontré son impact en Inde (cf ressources JPAL). Il a ensuite été déployé dans une dizaine de pays où son impact a également pu être démontré. La Côte d’Ivoire est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à tester l’approche sur son territoire, d’abord dans le sud du pays, puis avec l’appui du FID, pour une amorce de passage à l’échelle dans le nord du pays. Le financement du FID a permis de soutenir l’adaptation du programme aux spécificités du nord ivoirien, notamment sur le plan linguistique, et en matière de formation des acteurs régionaux.

Depuis, le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) ivoirien a commencé la mise en œuvre de son Programme National d’Amélioration des Premiers Apprentissages Scolaires (PNAPAS) reposant sur les deux piliers de l’enseignement structuré d’une part, et de l’approche de remédiation inspirée de TaRL de l’autre.

Pour les innovations matures disposant déjà de preuves d’impact multiples, le FID accompagne les efforts d’intégration au sein des systèmes publics afin d’assurer une mise en œuvre autonome, soutenable et pérenne. Il s’agira alors essentiellement d’identifier, documenter et soutenir les activités qui permettent de consolider l’intégration de l’innovation dans des systèmes et dispositifs de politique publique existants.

Ainsi, le projet Supporting Teacher Achievement in Rwandan Schools (STARS) visant à accroitre la motivation des enseignants et l’apprentissage des élèves au Rwanda est un bon exemple d’une innovation incubée au sein d’une entité publique en cours d’institutionnalisation.

Ce dernier volet consiste dans des campagnes de sensibilisation et formations des inspecteurs et enseignants référents dans les nouveaux districts, l’appui d’un personnel dédié pour coordonner la réforme et un investissement renforcé dans l’infrastructure de données du ministère de l’Education pour mesurer l’apprentissage des élèves de façon standardisée.