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04 juillet 2025
Ecole d’été 2025 à Dakar, une formation intensive à l’évaluation des politiques publiques
18 juillet 2025
Du 7 au 10 juillet 2025, l’École d’été Méthodologies du développement, portée par Esther Duflo et Abhijit Banerjee, professeurs au Massachusetts Institute of Technology (MIT), cofondateurs de J-PAL et lauréats du Prix Nobel d’économie 2019., s’est tenue à Dakar. Co-organisée par le FID, l’AFD, J-Pal et le CESAG, cette semaine de formations et d’événements a réuni au Sénégal plus de 140 participantes et participants africain.es venu.es approfondir leurs connaissances sur l’évaluation d’impact et son utilisation dans les politiques publiques.
« L’École d’été est là pour apprendre à poser les bonnes questions, tester, mesurer, comprendre, pour mieux agir. » a affirmé Rosaline Dado Worou Houndekon, directeur général du CESAG dans son discours d’ouverture de la journée Haut niveau de l’école d’été.
Ayant souligné que les décideurs doivent plus que jamais démontrer l’efficacité de leurs politiques, dans un contexte de ressources en tension et de demande citoyenne accrue de redevabilité, Allé Nar Diop, ministre-conseiller représentant du Président de la République du Sénégal, a rappelé l’enjeu fondamental de la diffusion de la culture de l’impact dans le pays et plus largement sur le continent africain : « L’évaluation est un outil privilégié pour rétablir la confiance entre l’État et la population. Elle permet de dépasser l’intuition pour baser l’action publique sur des faits.»
Lors de cette matinée consacrée à l’évaluation des politiques publiques, Esther Duflo a rappelé la nécessité de recourir aux données probantes « qui permettent de prioriser, en posant les bonnes questions et en choisissant les solutions les moins coûteuses et les plus efficaces ». Par exemple, dans le domaine de l’éducation, les données produites doivent pouvoir permettre de répondre aux questions suivantes : « Est-ce que les enfants arrivent vraiment à apprendre ce qu’ils doivent apprendre ? Comment l’améliorer ? » Elle a aussi insisté sur la nécessité de renforcer les compétences en matière d’évaluation d’impact : « Dans un contexte budgétaire restreint dans les pays africains, pour allouer les ressources aux programmes les plus efficaces, nous avons besoin de personnes formées, présentes partout. Les partenariats sont indispensables. »
Thomas Melonio, chef économiste de l’AFD a lui aussi souligné l’importance des partenariats, en citant l’exemple de deux projets soutenus par le FID, le projet d'Internet hors ligne au service de l’éducation porté par Bibliothèques Sans Frontières et celui autour de la taxe foncière à Dakar - porté par l’administration fiscale sénégalaise, la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) avec l’École d’Économie de Paris.
L’École d’été s’inscrit dans cette dynamique de renforcement des compétences et des partenariats. Durant quatre jours, 140 participants ont été répartis dans trois parcours de formation en fonction de leur profil. Animé par le FID, le module Incubateur a permis à une quarantaine de personnes, issues d’universités, instituts de recherche, ONG ou entreprises sociales, de structurer et réfléchir à la mise en œuvre de leur projet autour de notions clés telles que l’évaluation d’impact, la théorie du changement, les indicateurs de suivi-évaluation et la préparation de partenariats de recherche.
Des échanges riches, sur la base de mises en pratique, comme en témoignent les participants eux-mêmes. Trésor Batcho, coordonnateur du projet « Champions of Change » piloté par Plan Bénin, dont l’évaluation est financée par le FID, raconte : « J’avais envie d’enrichir mes connaissances afin de participer plus activement aux discussions avec l’équipe de recherche. Je ne suis pas économiste et j’évitais même parfois certains échanges durant les réunions car je ne maitrisais pas tous les concepts. J’ai le sentiment d’avoir une meilleure idée de ce qu’est l’évaluation d’impact ». Joachim Wilondja, coordonnateur d’un projet mis en œuvre en RDC par Liliane Fonds et financé par le FID confie : « Ce que j’ai découvert, c’est la dimension des données. Selon la théorie du changement, quels types de données doit-on collecter ? Où et comment les collecter ? » Amy Ndeye Kebe, responsable d’un projet IA pour l’agriculture au Sénégal financé par le FID « J’ai beaucoup appris durant les travaux de groupe. Les évaluations c’est une véritable chaine avec différents process. Je repars avec beaucoup d’optimisme ».
Le 9 juillet, le FID a organisé une session dédiée à un enjeu central : la manière dont les preuves issues des évaluations d’impact peuvent éclairer les décisions publiques. Deux panels ont mis en lumière des projets emblématiques financés par le FID, fruits d’une collaboration étroite entre ONG, administrations publiques et chercheurs :
Le projet d’amélioration de la gestion des contributions foncières, levier stratégique pour les finances locales. L’équipe de recherche a présenté les premiers résultats prometteurs avec une base de données fiscales, enrichie de plus de 38 000 parcelles, faisant passer le taux d’enregistrement dans ces zones à 92 %. En termes de mobilisation de ressources, ces efforts ont permis de collecter plus d’un milliard de FCFA (1,5 millions d’euros) de recettes fiscales supplémentaires, avec presque un triplement de la conformité fiscale dans les zones traitées.
Le projet piloté par Bibliothèques sans Frontières au Sénégal avec sa solution numérique hors ligne pour faciliter l’accès à l’éducation dans les contextes fragiles. Dans une conversation rassemblant l’ONG, l’équipe de recherche et le partenaire ministériel, l’équipe a présenté des premiers résultats de mise en œuvre, témoignant d’une appropriation importante des ressources numériques par le personnel enseignant de la région de Kédougou et un intérêt fort du Ministère de l’Education (Direction de l’enseignement élémentaire) en lien avec la stratégie nationale. Ces deux exemples illustrent la manière dont des évaluations rigoureuses, conduites selon une démarche partenariale entre les différents acteurs, permettent d’améliorer l’impact social des politiques publiques et de renforcer leur efficacité.
L’école d’été a été un temps fort de concertation et de co-construction autour de la culture de l’évaluation fondée sur les preuves d’impact. « Au-delà de la question – nécessaire, du financement, l’école d’été représente un véritable levier d’accompagnement vers des évaluations rigoureuses et pour transformer les politiques publiques à travers des innovations fondées sur des preuves d’impact, pour des équipes aux prémices de leur développement, ou qui s’engagent pour la première fois dans un partenariat de recherche. », explique Johanna Niedzialkowski, chargée d’investissement au FID.
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