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Améliorer les apprentissages dans les écoles à Madagascar à travers une combinaison d'interventions sur l'hygiène menstruelle

Publication de L'équipe du FID


24 mai 2024


Madagascar

Santé

Prise de parole durant événementPrise de parole durant événement

Début mai 2024, les équipes de l’ONG Care France et CARE Madagascar , leurs ONG partenaires et celles des centres de recherche PSE – J-PAL, ont présenté à Madagascar les résultats de l’évaluation du projet Kilonga qui vise à lutter contre la stigmatisation autour des menstruations à l’école. Les résultats, très encourageants en termes d’apprentissage, ont été présentés aux parties prenantes, autorités et partenaires, et pourraient ouvrir la voie à de nouveaux moyens pour faire évoluer les politiques publiques en matière de santé et d’égalité des chances.

« Nous n'étions pas conscients que l'hygiène menstruelle est susceptible d’améliorer les apprentissages. Cela va nous permettre de changer nos activités de sensibilisation » explique Eliane Ranosy, Directeur Général en charge des établissements scolaires du Ministère de l'Education malgache.

Le 2 mai dernier, un événement de dissémination nationale et un événement régional de capitalisation, dans la région de mise en œuvre du projet, Ambositra, ont permis de mettre en lumière les résultats de l’étude réalisée par PSE et J-PAL du projet Kilonga mis en œuvre par CARE Madgascar et CARE France.

Sensibilisation d'élèves à MAdagascar

Un programme pour améliorer l’hygiène de base et réduire les tabous sur les menstruations à l’école

A Madagascar, les menstruations ont été identifiées comme un obstacle à la scolarisation des filles entrainant un absentéisme répété des filles avec le risque de décrochage scolaire. D’une part, la faiblesse des infrastructures adaptées et le manque de protections peut rendre difficile la participation des filles aux activités sociales, scolaires et économiques pendant les menstruations. D’autre part, la prévalence de la stigmatisation sociale peuvent également limiter leur participation en dehors des périodes de menstruation. Selon l’ONG CARE, «près d’un quart des filles interrogées ont déjà été harcelées à cause de leurs menstruations, aussi bien par des filles que par des garçons ».

Le projet Kilonga, déployé dans les zones rurales de la région Amoroni Mania à Madagascar, vise à améliorer l’hygiène de base et réduire la stigmatisation liée aux menstruations. Le programme mis en œuvre intègre à la fois une composante Eau, Hygiène et Assainissement de base (construction d’infrastructures sanitaires adéquates, formation des enseignants, création de comités ainsi que la distribution de protections réutilisables), et une approche innovante : « Jeunes Filles Leader ». Des « Jeunes Filles Leaders » ont ainsi été sélectionnées et formées dans chaque école pour devenir des ambassadrices chargées de promouvoir des informations, discussions positives et bonnes pratiques liées aux menstruations auprès de leurs pair·e·s.

De 2021 à 2023, une équipe de recherche de l’Ecole d’économie de Paris, conduite par Karen Macours , a évalué le programme au sein de 140 écoles afin de déterminer si la réduction de la stigmatisation et la promotion d’échanges sur ce sujet tabou pouvaient s’avérer efficaces pour influencer l’amélioration des capacités d’apprentissage des filles et de leur volonté de se rendre à l’école.

Réduire la stigmatisation pour améliorer les résultats scolaires des filles à Madagascar

Des résultats inédits et très encourageants

Les résultats, présentés par l’équipe de recherche démontrent que si le programme n’a pas amélioré le taux de fréquentation scolaire, il a stimulé « de manière significative l’apprentissage académique des filles à travers toutes les mesures ». Ainsi, on observe une amélioration des résultats scolaires des filles ayant bénéficié de l’intervention de 13%, entraînant une augmentation de 15% de leurs chances de passer à la classe supérieure. Les progrès de l’apprentissage semblent s’expliquer par une diminution du stress et à l’amélioration de l’environnement psychosocial à l’école entrainant une hausse de la qualité des conditions de travail et de la confiance en ses propres capacités.

Le composante « jeunes Filles Leaders », ajoutée en complément des interventions de base, se traduit par des améliorations de connaissances et des comportements en matière d’hygiène et une réduction de la stigmatisation menstruelle. « L’implication de l’école au programme a favorisé la libération de la parole, encouragé à prendre la parole, à mieux gérer sa propre situation et à inspirer les autres. La dynamique qui est lancée va se poursuivre car, au-delà de la formation initiale, le rôle de sensibilisation se poursuit dans la classe supérieure, au lycée, auprès de la famille et au sein de la communauté entre autre », explique une élève ambassadrice « Jeunes Filles Leaders ».

FID pendant événement à Madagascar

Un potentiel de réplication prometteur

Cette étude est très encourageante car elle adresse une problématique pour laquelle l’efficacité des solutions n’avait pas été démontré. « Nous avons besoin de mesures objectives pour disposer de résultats solides et cohérents auxquels se fier pour concevoir des programmes efficaces. Avec l’intervention « Jeunes Filles Leaders », « c’est la première fois qu’une telle approche est mise en œuvre. Il s’agit d’une innovation et il n’y a pas d’autre contexte dans lequel cela a été testé. Des études existent sur la stigmatisation autour des menstruations mais peu de solutions ont été identifiées. » explique Karen Macours, professeure associée à l’Ecole d’économie de Paris et chercheuse principale sur l’étude.

Par ailleurs, elle démontre l’efficacité substantielle d’interventions- de base en matière d’hygiène et d’hygiène menstruelle sur les apprentissages des élèves, avec des impacts d’une ampleur comparable aux programmes éducatifs parmi les plus efficaces. Dans un contexte comme Madagascar où la qualité des apprentissages est un sujet prioritaire pour le Ministère de l’Education, de tels résultats ont suscité beaucoup d’intérêt des pouvoirs publics au niveau national : « Nous cherchons des moyens pour améliorer les apprentissages de 1 ou 2 pourcents. Ce type de programme qui fait faire un bond de 13 pourcents sur les apprentissages, ça n’a pas de prix ! », comme au niveau local : « Ce projet a permis de produire des résultats tangibles sur le dynamisme des établissements scolaires et la motivation des élèves. L’amélioration de la qualité de l’environnement scolaire a eu un impact positif aussi bien sur le plan psychologique que dans le processus d'apprentissage. Il a ainsi permis à l'équipe de réaliser une partie des objectifs fixés par le Ministère et d'améliorer la vie des jeunes filles. Il sera crucial de pouvoir continuer dans cette voie », explique la Direction régionale de l’éducation nationale.

Soutenue financièrement par le FID dans le cadre d’une subvention de Stade 2, cette étude démontre le potentiel de nouveaux leviers d’action conjugués dans le champ des politiques publiques de santé et d’éducation. « Des résultats très encourageants susceptibles d’intéresser différents acteurs à Madagascar et au-delà », conclue Claire Bernard, Directrice adjointe du FID lors de l’événement du 2 mai à Madagascar.

Ressources

  1. Papier de recherche (en anglais) : Menstrual Stigma, Hygiene, and Human Capital : Experimental Evidence from Madagascar (Karen Macours, Julieta Vera and Duncan Webb)
  2. Info sur les résultats : Note de synthèse

Publication de L'équipe du FID

24 mai 2024

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