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Santé
Un logiciel basé sur l’IA pour améliorer le traitement des AVC au Pakistan
L’Ecole d’Economie de Paris propose d’évaluer le programme « Jeunes Filles Leaders » conduit par I’ONG CARE dans les zones rurales de Madagascar, afin de déterminer si favoriser les discussions positives entre pair.e.s sur la menstruation à l’école pourraient réduire les tabous qui entourent le sujet et la stigmatisation qui en découle. Ceci constituerait une action complémentaire des interventions WASH permettant d’en optimiser l’impact.
Projet déployé par :
Avoir ses règles concerne 26% de la population mondiale chaque mois (UNICEF, 2018). Pourtant, les menstruations sont encore largement stigmatisées à travers le monde. Pour les adolescentes vivant dans la pauvreté, cette stigmatisation sociale entraîne des discriminations et du harcèlement qui pourraient avoir des répercussions négatives directes sur leur assiduité, leurs résultats scolaires ainsi que sur leur santé mentale. Le manque d’informations pertinentes dans le cadre de discussions appropriées entraîne des risques physiques pour leur santé reproductive.
A Madagascar, et plus particulièrement dans les zones rurales, les menstruations ont été identifiées comme un obstacle à la scolarisation des filles. D’une part, la faiblesse des infrastructures adaptées et le manque de protections peut rendre difficile la participation des filles aux activités sociales, scolaires et économiques pendant les menstruations. D’autre part, la prévalence de la stigmatisation sociale et I‘internalisation des contraintes qui en résultent peuvent également limiter leur participation en dehors des périodes de menstruation.
La gestion difficile de l’hygiène menstruelle et la peur des moqueries et des critiques à l’école nuit à la concentration des filles en cours et influence l’ambiance générale à l’école. Les sentiments de honte et de gêne sont plus forts vis-à-vis des hommes et des garçons, mais les filles/femmes maintiennent aussi ce tabou entre elles : peu de mères et d’enseignantes abordent le sujet avec les jeunes filles, et celles qui le font ont parfois des connaissances limitées voire erronées. En plus du manque d’information, le manque d’infrastructures est une contrainte pesant non seulement en période de règles, mais, de manière beaucoup plus générale, sur l’ensemble des élèves et habitants dans leur vie quotidienne.
Afin de répondre à ces défis, l’ONG CARE a mis en place le programme « Jeunes Filles Leaders » qui vise à identifier des adolescentes prêtes à dénoncer les stigmatisations et défendre la santé menstruelle dans leur école.
L’Ecole d’Economie de Paris (PSE) propose d’évaluer le programme « Jeunes Filles Leaders » dans 3 districts de la région d’Amoron’i Mania à Madagascar. L’objectif est de déterminer de manière rigoureuse si réduire la stigmatisation et encourager les discussions positives sur des sujets tabous peut avoir un impact sur la gestion de l’hygiène menstruelle par les filles, sur leur anxiété, et, in fine, sur l’augmentation des capacités des filles et leur volonté de se rendre à l’école. Dans chaque école, 3 à 4 adolescentes sont sélectionnées, formées, et reçoivent des informations sur les pratiques menstruelles optimales avant d’être encouragées à discuter des menstruations de manière ouverte et positive avec leurs camarades.
Des études ont prouvé l’efficacité des pair.e.s et ambassadeur.ice.s pour faire évoluer les normes sociales à l’école (Levy Paluck et al, 2020). Cette nouvelle étude vise à tester si cette approche est efficace en présence de sujets tabous.
Alors que des études antérieures ont examiné l’impact des interventions sur les évolutions des pratiques d’hygiène menstruelle elles-mêmes, elles ont généralement constaté des impacts mitigés ou faibles sur les apprentissages scolaires (résultats en matière de capital humain), sans doute parce que ces études s’intéressent peu aux effets psychosociaux de la stigmatisation : (Oster & Thornton, 2011 ; Hennegan & Montgomery, 2016 ; Benshaul-Tolonen et al., 2019, 2021).
Afin de combler cette lacune dans la littérature, de 2021 à 2023, une équipe de recherche de l’Ecole d’économie de Paris, pilotée par la chercheuse Karen Macours, a évalué le programme au sein de 140 écoles afin de déterminer si l’amélioration de l’hygiène menstruelle, ainsi que la réduction de la stigmatisation pouvaient s’avérer efficaces pour améliorer la scolarisation et les apprentissages des filles et leur volonté de se rendre à l’école.
Pour mesurer l’efficacité du programme sur l’absentéisme et le décrochage scolaire, PSE a conduit un essai contrôlé randomisé dans 140 écoles (privées et publiques, primaires et secondaires).
L’intervention a été évaluée dans 140 établissements entre 2021 et 2023. Au terme de cette évaluation, l’équipe de recherche de l’Ecole d’économie de Paris a pu obtenir des résultats inédits soulignant l’importance d’une approche combinée pour améliorer le bien-être des élèves, le climat scolaire, et, de là, les apprentissages des filles malgaches.
Ainsi, le programme a nettement permis d’améliorer les résultats scolaires de 0,13 écart-type et a augmenté de 0,15 écart-type* (+15%) la probabilité de passage en classe supérieure des filles ayant bénéficié de l’intervention.
Une augmentation de 21% la part des filles déclarant parler plus librement du sujet et 48 % d’augmentation des pratiques d’hygiène menstruelles ont aussi été constatés.
Les effet sur les apprentissages place ce type d’intervention parmi les 10 % d’interventions éducatives les plus performantes sur les résultats scolaires à Madagascar.
Cette étude a donc démontré le potentiel de nouveaux leviers d’action conjugués dans le champ des politiques publiques de santé et d’éducation.
Lors de la restitution des résultats, la Direction régionale de l’éducation nationale a souligné que « ce type de programme qui fait un bond sur les apprentissages, ça n’a pas de prix ! ». Des discussions sont en cours avec le ministère de l'Education nationale sur les options de passage à l’echelle. Une nouvelle phase de recherche soutenue par le FID portant sur le coût-efficacité comparé des différentes composantes du programme permettra d'alimenter la discussion.
*Dans ce contexte, l’écart-type permet de comparer l’effet du programme entre le groupe qui a bénéficié du programme et le groupe contrôle, puisqu’il mesure l’ampleur d’une variation par rapport à la moyenne.
Voir le numéro de la revue Questions de Développement, dédié aux résultats et apprentissages du projet, en parallèle avec ceux d'un autre projet soutenu par l'AFD en Ethiopie.
Le FID soutient une nouvelle phase du projet depuis l’été 2024. Tout en maintenant la même approche et en s’appuyant sur les apprentissages issus de la première phase, le projet est déployé dans une centaine d’écoles secondaires de la région Amoron’i Mania, et l’évaluation d’impact cible ces écoles ainsi qu’un groupe d’école témoin. A l’échelle communautaire, le projet touche aussi les parents d’élèves et les acteurs et actrices dans la fourniture des produits et services EAH (serviettes recyclables, techniciens, etc.) pour assurer la pérennité des actions de sensibilisation.
L’objectif de cette nouvelle phase, en cours, est d’identifier le rapport coût/efficacité des principales composantes du projet, en se concentrant particulièrement sur l’impact des infrastructures (composante « hard ») sur l’éducation, par rapport à la composante « soft » comprenant les Jeunes Filles Leaders et les autres activités de sensibilisation.
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