Un dispositif de cuisson électrique pour lutter contre la pollution de l’air domestique en Côte d’Ivoire

En 2023, plus de 40% de la population mondiale dépend de combustibles solides polluants tels que le bois et le charbon pour ses besoins énergétiques les plus basiques comme la cuisson des aliments et l'ébullition de l'eau (Energy Sector Management Assistance Program 2020). Cette pratique a de lourds effets sur la santé et l’environnement. La pollution de l’air y est le deuxième facteur de risque de mortalité et d’invalidité, après la malnutrition (Ferrari et al., 2024). En 2023, 3,2 millions de décès prématurés dans le monde étaient liés à la pollution de l’air intérieur provoquée par ces modes de cuisson (OMS, 2023). De plus, l’utilisation de combustibles issus du bois contribue au changement climatique et à la déforestation avec environ 1 gigatonne de dioxyde de carbone équivalent émise chaque année – une empreinte carbone comparable aux émissions d'un pays comme le Royaume-Uni en 2010 (Bailis et al. 2015).

A Abidjan, l’accès à l’électricité atteint 89,5% en 2023, selon l’Institut National de la Statistique et ICF, pourtant, moins de 1% des ménages cuisine principalement à l’électricité. Cette faible proportion s’explique par plusieurs barrières : le coût de l’investissement, la barrière de l’information et du changement de comportementaux ainsi que des croyances inexactes. L'approvisionnement en électricité est pourtant de qualité à Abidjan, le temps moyen de coupure en 2022 était de 2,4 heures/mois (Rapport d’activité de la Direction générale de l’énergie). La pollution de l’air y constitue, après la malnutrition, le 2ème facteur de risque de mortalité et d’invalidité pour la population ivoirienne en 2021 (Ferrari et al. 2024).

Les autocuiseurs électriques (Electric Pressure Cookers – EPC), très économes en énergie et adaptés aux pratiques culinaires ivoiriennes, pourraient représenter une solution efficace, encore peu diffusée, notamment du fait de leur coût initial élevé et d’une méconnaissance de leurs bénéfices. Ces cuiseurs ont fait l’objet de tests en laboratoire, à petite échelle.

L'objectif de long-terme de l’équipe du PAC-CI est de lutter contre la pollution de l'air par la promotion de la cuisson électrique à Abidjan. A cette fin, une démarche de recherche graduelle sera mise en œuvre, visant à identifier les barrières existantes à l’adoption et de tester les incitations à même de les surmonter. Cette subvention de Préparation vise désormais à prototyper le format et les activités auprès d’un échantillon de 60 femmes résidant dans le District autonome d’Abidjan.

Le financement du FID permettra de :

• Subventionner l’achat d’autocuiseurs électriques grâce à un système d’enchères (Becker Degroot Marschak – chaque participant indique le prix qu’il serait prêt à payer, si cette enchère formulée est égale ou supérieure au « strike price » prédéterminé et secret, celui-ci peut acquérir le cuiseur) pour tester la disposition à payer et l’efficacité des aides.
• Former à l’utilisation de ces équipements, avec des démonstrations à domicile et des conseils pour adapter les recettes ivoiriennes.
• Sensibiliser les ménages à la pollution de l’air intérieur via le prêt de capteurs de qualité de l’air installé pendant un mois dans les habitations.
• Le projet est porté par l’équipe du PAC-CI. Il s’inscrit dans une stratégie graduelle visant à terme, la conception d’un programme à plus grande échelle.

Ce projet vise à promouvoir une nouvelle technique de cuisson moins polluante et plus durable, une nouvelle pratique ayant des effets bénéfiques sur l’environnement mais aussi sur la santé des populations. Par son soutien financier, le FID contribuera à l’atteinte de ces objectifs :

1. La validation d’un format d’intervention combinant subventions, formation et sensibilisation
2. L’évaluation des obstacles à l’adoption des autocuiseurs électriques (coût, pratiques, perceptions)
3. La préparation d’un protocole d’expérimentation à plus grande échelle dans la métropole abidjanaise