Un laboratoire de science des données pour stimuler l’innovation dans le secteur public et lutter contre la pauvreté  

Les progrès de la science des données et de l’intelligence artificielle offrent la possibilité d’améliorer la prise de décisions et la gouvernance. Cependant, leur recours reste à ce jour limité. Un sous-investissement dans les infrastructures de données et l’utilisation de données dépassées ou incomplètes empêchent d’exploiter pleinement ces technologies.

En Afrique, la transformation numérique avance de manière régulière. Au Togo, par exemple, l’utilisation d’Internet est passée de 4 % en 2011 à 35 % en 2021 (Banque mondiale, 2021). Des institutions telles que l’Agence Togo Digital, à laquelle le Togo Data Lab est rattaché, ainsi que l’intégration d’éléments numériques à une majorité de ses projets de développement montrent que le pays insiste de plus en plus sur la numérisation et l’utilisation des données.

Ce contexte offre l’occasion de renforcer le rôle de la science des données pour les services publics et la gouvernance afin d’obtenir des processus de prise de décisions plus éclairés et efficaces.

Le Togo Data Lab, en collaboration avec le CEGA et l’Environmental Markets Lab de l’Université de Californie, cherche à combler les lacunes en utilisant le système MOSAIKS (Multi-task Observation using Satellite Imagery & Kitchen Sinks).

Le projet se déroule autour de plusieurs axes :

• Ciblage des programmes  : identifier les besoins pour améliorer l’allocation des ressources • Soutenir l’élaboration de politiques  : fournir des données pour aider à prendre des décisions politiques sur les opportunités économiques, l’accès aux services et l’amélioration des conditions de vie. • Suivre les résultats  : soutenir les évaluations en cours pour optimiser l’efficacité des programmes.

La première application de MOSAIKS se concentre sur la productivité agricole. Il s’agit d’un test pratique qui va permettre au personnel du ministère de se familiariser avec le système MOSAIKS. L’équipe va suivre les progrès en se basant sur des jalons comme la formation de l’équipe, la création d’outils et l’implication des parties prenantes. Le financement du FID va permettre de recruter des professionnel.les clés, de créer des modules de formation open source et de concevoir des modèles prédictifs grâce à des données agricoles. Cette initiative vise à renforcer les capacités du personnel, à permettre de prendre des décisions sur base de données et à renforcer le rôle du Togo Data Lab dans le secteur de l’innovation.

Le projet a débuté par une évaluation de la capacité du système de collecte de données de l’Agence Nationale d'Identification (ANID), incluant sa structure, ses ressources et ses processus. Cette évaluation a permis d’identifier les forces et les faiblesses du système actuel de collecte, de traitement et de reporting des données, ainsi que celles du système de gouvernance de l’organisation. A l’issue de cette enquête, IPA a transmis deux recommandations clés à l’organisation :

• la construction d’une infrastructure de gestion de la collecte des données ;
• une planification proactive de l’utilisation des données.

Les résultats présentés indiquent que l’ANID et IPA ont co-créé une structure (préliminaire) du laboratoire, incluant le dispositif de recrutement, les principaux domaines d’action et un mécanisme d’institutionnalisation. Les organisations partenaires ont aussi planifié la mise en place d’un réseau de collaborateurs, ainsi qu’une prospection pour le financement des activités du laboratoire.

Ils ont également développé un agenda de recherche et d’apprentissage pour guider les efforts de recherche prioritaires pour les politiques dans les secteurs de la finance et de la protection sociale. L’équipe a mis en place des premières actions pour obtenir l’adoption de l’agenda de recherche par le ministère.

Un plan de renforcement des capacités a aussi été conçu, incluant l’identification de besoins spécifiques en formation pour le futur personnel du laboratoire. Des formations ciblées seront mises en place dans des domaines tels que l’analyse de données, l’utilisation des preuves d’impact, et d’outils techniques. En matière de sécurité des données, nécessaires à la pérennité du projet, l’ANID a développé un protocole détaillé pour réguler l’accès et le contrôle.

Les organisations partenaires soulignent la nécessité de renforcer les capacités en visualisation de données, en cybersécurité et en intégration des données dans les processus décisionnels pour améliorer l’utilisation des preuves et des données probantes dans le pays.

Perspectives

Le choix de positionner des activités de renforcement de capacités, notamment une formation par J-Pal à l’évaluation d’impact des programmes sociaux auprès du personnel de l’ANID, a permis de mettre les équipes en capacité de s’engager dans des discussions constructives et informées sur la structure et les activités du laboratoire et de mieux s’approprier les enjeux.

Les perspectives principales sont les suivantes :

• A court terme, l’ANID qui hébergera le laboratoire, prévoit d’axer son activité sur la réalisation de premières évaluations d’impact sur des sujets liés aux transferts monétaires et à la protection sociale.

• A plus long terme, l'ANID ambitionne de faire du laboratoire un instrument clé dans la production et la diffusion de données probantes, facilitant ainsi la conception des programmes actuels et futurs de protection sociale et de transferts monétaires, ainsi que la prise de décision politique au plus haut niveau.