Une plateforme numérique d’apprentissage pour former les agents de santé communautaires au Sénégal

Au Sénégal, les agents de santé communautaires jouent un rôle crucial car ils constituent souvent le premier point de contact médical pour les populations rurales éloignées des structures hospitalières. Ils assurent la prévention, le suivi des femmes enceintes, la santé infantile, la sensibilisation à l’hygiène et orientent les patients vers les centres de soins lorsque c’est nécessaire. Pourtant, leur formation est souvent insuffisante : les sessions sont rares, coûteuses et parfois inadaptées aux réalités locales. De plus, l’accès aux outils numériques reste limité, en particulier dans les zones sans connexion internet fiable. Ces contraintes freinent la diffusion de bonnes pratiques et nuisent à la qualité des services rendus.

Pour relever ces défis, la plateforme kSanté mise sur la complémentarité de trois leviers :

• Accessibilité hors ligne : grâce à des cartes microSD, les contenus de formation restent disponibles sans connexion internet, même dans les zones les plus reculées.
• Contenus contextualisés : les modules couvrent les principaux enjeux de santé maternelle, infantile et communautaire, conçus à partir de guides validés par les autorités sanitaires.
• Un chatbot d’IA : développé avec PleIAs, entreprise spécialisée dans l’entraînement de petits modèles d’IA open source, il permet aux agents de poser des questions en temps réel et d’obtenir des réponses personnalisées, toujours hors ligne.

Le projet financé par le FID prévoit une évaluation sous la forme d’un essai contrôlé randomisé impliquant 300 agents de santé communautaires au Sénégal : 200 formés avec kSanté (modules et chatbot), et 100 suivant le parcours de formation habituel. Les effets sur les connaissances, les pratiques et la motivation seront mesurés après quatre mois, grâce à des enquêtes de terrain et à l’analyse des données d’utilisation.

Cette phase pilote permettra de produire des données sur l’efficacité de kSanté et sur ses conditions de mise en œuvre. Les principaux résultats attendus sont :

• Un renforcement des compétences des agents de santé communautaires, une meilleure compréhension des protocoles de soins et une confiance accrue dans leurs pratiques quotidiennes.
• Des changements tangibles dans les services rendus aux populations, en particulier dans la prévention et le suivi maternel et infantile.
• Des renseignements sur l’acceptabilité et la rentabilité de la solution, utiles pour guider les décideurs publics.
• Les bases pour un passage à l’échelle, avec l’ambition de former jusqu’à 100 000 agents de santé communautaires d’ici 2030 dans plusieurs pays et plusieurs langues.

À terme, cette innovation pourrait contribuer à réduire les inégalités d’accès aux soins et à améliorer durablement la santé des communautés rurales en Afrique de l’Ouest.