Bénin
Égalité de genre
Ce projet, mené par l’Université Wilfrid-Laurier, vise à surmonter les obstacles liés au genre qui se dressent sur la route des agricultrices au Kenya. Pour ce faire, il passe par la mise en place d’un modèle de vulgarisation mené par des femmes. Grâce à un financement du FID, ce projet teste un modèle dans le cadre duquel des agricultrices dirigent des séances de formation et les communautés élisent ces agricultrices. Cette initiative, qui promeut la culture de manioc et de haricots riches en fer résistants à la sécheresse, vise à renforcer l’agriculture dans le comté de Murang’a et à servir de modèle pour l’autonomisation des femmes dans le secteur de l’agriculture.
Projet déployé par :
Au Kenya, les agricultrices représentent une grande partie de la main-d’œuvre agricole. Les femmes contribuent à environ 40 % de la main-d’œuvre agricole en Afrique subsaharienne (Palacios-Lopez et collab., 2017). Cependant, elles doivent faire face à des obstacles liés à leur genre qui réduisent leur productivité, comme un accès limité aux technologies et aux informations agricoles. Des études montrent que les agriculteurs hommes adoptent souvent plus les nouvelles technologies que les femmes, et ce malgré leurs avantages potentiels pour la productivité (Hirpa Tufa et collab., 2022, et Udry, 1996). Cette différence s’explique en partie par des normes culturelles : les agricultrices peuvent être découragées d’échanger directement avec des agents de vulgarisation de sexe masculin (Quisumbing et Pandolfelli, 2010). Elles bénéficient alors d’une aide moindre pour l’adoption et l’utilisation de nouvelles techniques. Les agricultrices kényanes subissent aussi un moins bon accès physique aux nouvelles technologies, car elles sont moins mobiles et ont la charge des enfants.
La dépendance du Kenya au maïs, qui représente 85 % de sa production de céréales, complique encore la situation puisque ce produit est très sensible aux sécheresses. Cette dépendance montre la nécessité d’opter pour des cultures résilientes, surtout dans les régions plus sèches comme le comté de Murang’a, où les faibles précipitations menacent constamment les récoltes.
Pour résoudre ces difficultés, il est envisagé de mettre en place des modèles de vulgarisation par les pairs. Les modèles de vulgarisation par les pairs sont des approches le plus souvent mises en place par différents acteurs, y compris des services publics de vulgarisation agricole, des ONG et des organisations communautaires, afin de promouvoir les technologies agricoles dans les pays en développement. Dans ce cas, l’Université Wilfrid-Laurier envisage d’adapter ces modèles afin de lutter contre les obstacles liés au genre qui entravent les agricultrices. Lorsqu’ils sont dirigés par des femmes, ces modèles ont le potentiel d’améliorer l’adoption des technologies par les agricultrices, bien que les résultats aient été variés lors des essais en Ouganda et au Malawi (Kondylis et collab., 2016).
L’objectif de ce projet est d’évaluer les effets d’une vulgarisation par les pairs menée par des femmes et les effets de l’élection au sein des communautés d’agricultrices responsables sur l’adoption des technologies agricoles par les femmes kényanes. Le projet teste deux interventions, qui remplacent la participation d’agents de vulgarisation ou des responsables locaux de sexe masculin pour nommer les formateurs :
Une évaluation permettra de tester les effets d’une vulgarisation par les pairs menée par des femmes et d’une élection au sein des communautés de ces agricultrices responsables sur l’adoption et l’utilisation de technologies agricoles.
Dans tous les villages concernés, l’équipe chargée du projet proposera une vulgarisation par les pairs en passant par deux agricultrices responsables. Ces deux femmes choisies dans chaque village rendront visite à 20 agricultrices pour des activités de vulgarisation et recevront un paiement pour chaque visite.
L’essai contrôlé randomisé permettra de tester le recours à au moins une agricultrice responsable (par rapport à aucune restriction de genre) et l’élection d’agricultrices responsables (par rapport à une nomination par les responsables locaux et des agents de vulgarisation).
Le projet vise à montrer qu’un modèle communautaire associé à une vulgarisation dirigée par des femmes peut autonomiser les agricultrices et améliorer la résilience agricole grâce à l’adoption de meilleures variétés de manioc et de haricots riches en fer. Les premières activités pilotes ont montré un engagement fort des communautés et un transfert efficace des connaissances entre les agricultrices responsables et leurs pairs.
Parmi les effets à long terme, nous pouvons citer un meilleur bien-être au sein des foyers grâce à de nouvelles possibilités de revenus. En effet, les agricultrices auront de plus grands volumes à vendre ou consommer. En aidant les agricultrices à générer des revenus, ce projet cherche aussi à augmenter le pouvoir de négociation de leurs foyers et ainsi à renforcer la place des femmes dans les communautés.
En cas de succès, cette approche pourrait servir de modèle à mettre à l’échelle afin de promouvoir différentes technologies agricoles et ainsi contribuer à la sécurité alimentaire et à de meilleurs revenus pour les agricultrices de la région.
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