La détection canine du cancer du sein pour faciliter le dépistage des femmes vulnérables au Bénin 

Selon les données récentes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC), le cancer du sein est devenu le cancer le plus fréquent dans le monde, dépassant le cancer du poumon. Dans les pays moins développés, malgré une incidence plus faible, la mortalité est disproportionnellement élevée en raison de diagnostics tardifs et de traitements limités.

Au Bénin, le cancer du sein représente un défi majeur avec une forte mortalité due aux diagnostics tardifs et aux capacités de dépistage limitées. En 2022, le Global Cancer Observatory (Globocan) a recensé dans le pays 7 497 nouveaux cas de cancer, dont 4 028 concernaient des femmes. Le cancer du sein représente à lui seul 1 329 nouveaux cas, soit 33 % des cancers féminins et 18 % de tous les cancers confondus. En comparaison avec d’autres cancers, le cancer du sein reste en forte augmentation, suivi par le cancer de la prostate (983 cas en 2022) et le cancer du col de l’utérus (810 cas en 2022).

Le cancer du sein reste la première cause de mortalité par cancer chez les femmes au Bénin, avec 734 décès en 2022, soit 16,2 % des décès liés au cancer. La mortalité élevée s’explique par un diagnostic tardif dans 70 % des cas, limitant ainsi les chances de traitement efficace. Cela entraîne des prises en charge tardives, augmentant la mortalité et les coûts pour les familles et le système de santé. Ce fardeau économique a de lourdes conséquences sociales, incluant une perte de productivité, des difficultés psychologiques et une charge accrue sur les aidants, souvent des femmes, perpétuant ainsi la pauvreté et limitant l'accès à l'éducation et à l'emploi.

Le projet AfriMeDD introduit au Bénin une méthode innovante de dépistage précoce du cancer du sein fondée sur la détection olfactive canine. Cette approche repose sur la capacité exceptionnelle des chiens à identifier, grâce à leur odorat très développé, les composés organiques volatils (COV) émis par les cellules cancéreuses dans des échantillons biologiques (comme la sueur ou les tissus). En partenariat avec l’Institut Nosaïs, le projet vise à former localement des chiens et des éducateurs canins afin d’adapter cette technologie validée à l’international au contexte béninois.

Dans un contexte où l’accès à la mammographie demeure restreint en raison des coûts et de la disponibilité limitée des équipements, cette innovation propose une solution de dépistage simple, non invasive et abordable. Le protocole de recherche doit permettre d’évaluer la fiabilité, la sensibilité et l’acceptabilité sociale de cette méthode, ouvrant la voie à une intégration potentielle dans les politiques nationales de santé publique et à une réplication dans d’autres pays de la région.

À travers la formation d’éducateurs canins et la mise en place d’un protocole scientifique rigoureux, le projet entend démontrer la faisabilité et l’efficacité de la détection canine comme méthode de dépistage précoce du cancer du sein au Bénin.

Les principaux résultats attendus sont :

• Développer et valider une méthodologie de détection précoce du cancer du sein fondée sur l’odorat canin, adaptée au contexte béninois ;
• Mettre en place une unité de recherche multidisciplinaire à la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université d’Abomey-Calavi, spécialisée dans la détection biomédicale canine et ses applications potentielles pour la santé publique.
• Identifier les composés organiques volatils spécifiques au cancer du sein afin de poser les bases du développement futur d’un test de détection rapide.
• Positionner le Bénin comme centre d’excellence régional en matière de détection biomédicale basée sur l’odorat canin et les technologies innovantes de diagnostic.
• Améliorer les taux de dépistage précoce du cancer du sein, en particulier parmi les femmes défavorisées, et réduire la mortalité associée grâce à une détection et une prise en charge plus rapides.