Construire un système de vulgarisation agricole durable autour des écoles au Libéria

Dans les zones rurales du Libéria, 71,6 % des ménages sont en situation de précarité extrême (Benfica et al, 2018). L’agriculture est la principale source de subsistance pour 80 % de la population (Banque africaine de développement, 2008), mais le pays fait face à une faible productivité agricole, notamment par rapport aux autres pays d’Afrique subsaharienne. Les producteurs agricoles s’appuient principalement sur les conseils transmis par les familles et amis de leur communauté puisque seulement 3,4% ont accès aux services de vulgarisation.

En parallèle, les étudiants ne disposent pas des compétences de base malgré leur inscription à l’école, et une majorité des jeunes travaillent en appui à leurs aînés dans les exploitations agricoles. La vulgarisation agricole est essentielle pour améliorer la productivité, mais les pays manquent de capacités pour assister chaque producteur agricole. L’enseignement agricole en milieu scolaire est une approche susceptible de relever les défis interdépendants de la vulgarisation agricole, de l’autonomisation des jeunes et de l’éducation rurale au Liberia et dans d’autres pays africains.

L’enseignement agricole en milieu scolaire englobe l’enseignement en classe et l’expérience agricole supervisée par la pratique du jardinage scolaire, des projets domestiques et la participation des jeunes à une organisation agricole. Cet enseignement vise à doter les élèves des écoles primaires et secondaires de compétences pratiques tout en renforçant la vulgarisation.

Le potentiel d’innovation de l’enseignement agricole en milieu scolaire repose sur les points suivants :

• Tirer parti des écoles pour amplifier la vulgarisation agricole : enseignement en classe favorisant une compréhension scientifique de l’agriculture, communication directe des activités et des idées du programme, gestion des jardins scolaires pour la démonstration, gestion des projets domestiques, participation au programme et aux activités agricoles communales ;
• Tirer parti de l’agriculture pour renforcer les écoles : intérêt pour l’apprentissage centré sur l’élève et basé sur des projets, participation à des clubs de jeunes, bouche-à-oreille sur les pratiques d’amélioration des rendements. Innovations for Poverty Action (IPA) s’associe à 4-H Liberia, AgriCorps et le Ministère de l’Education du Liberia pour offrir la première évaluation randomisée de l’enseignement agricole en milieu scolaire au Libéria, afin d’informer et de soutenir la mise à l’échelle de ces programmes.

La phase pilote du programme conduit par 4-H Liberia a déjà permis de recueillir des preuves d’impact de l’innovation. Les financements du FID permettront de poursuivre l’évaluation randomisée en cours, à savoir : l’enquête à mi-parcours ; la phase d’intervention ; l’enquête auprès des étudiants et l’enquête finale.

Les 100 écoles du groupe de traitement recevront une assistance pour la création des jardins scolaires, 3 visites de vulgarisation par mois, une formation annuelle aux innovations agricoles et à la pédagogie centrée sur l’élève pour les professeurs de sciences et représentants des associations parents-enseignants, ainsi que des possibilités de mise en réseau pour les élèves et les enseignants des clubs 4-H (ex : foires agricoles nationales). Cette intervention devrait permettre de collecter des résultats au niveau de l’agriculture, de l’éducation et de l’émancipation.

Au cours des 10 prochaines années, AgriCorps vise à étendre l’enseignement agricole en milieu scolaire à une dizaine de pays africains et l’équipe du projet prévoit que 50 % des fonds proviennent des ministères.

L’enseignement agricole en milieu scolaire devrait améliorer :

• Les moyens de subsistance des étudiants et communautés d’agriculteurs, grâce à l’adoption de pratiques visant à améliorer les rendements, les méthodes de conservation des sols et une orientation accrue vers le marché ;
• Les performances des écoles rurales, grâce à l’amélioration de la pédagogie et de la gestion des écoles, et à l’augmentation de l’intérêt, des performances et des compétences scolaires des élèves ;
• Les moyens de subsistance, les aspirations et l’action des jeunes scolarisés, grâce à l’accès aux connaissances, aux compétences, aux réseaux et aux revenus générés.

Ce projet est également soutenu par Development Innovation Ventures (DIV).