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Laos
Agriculture
Selon un rapport publié par l’ONU en juillet 2024, 733 millions de personnes ont souffert de la faim en 2023, soit une personne sur 11 dans le monde. Un nombre alarmant de personnes continuent de faire face à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Le FID finance un projet au Laos, qui associe l’Institut de recherche pour le Développement et l’entreprise sociale Maï Savanh Lao, visant à lutter contre la malnutrition à travers des aliments prêts à l’emploi produits localement par une entreprise sociale et aux qualités nutritives optimisées par la recherche.
A l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation, Eric Deharo, directeur de recherche à l'IRD répond à quatre questions sur le projet.
La malnutrition, qu'il s'agisse de dénutrition ou de surnutrition (comme le surpoids ou l’obésité), touche plusieurs milliards de personnes dans le monde. La dénutrition comprend la malnutrition aiguë (maigreur), chronique (retard de croissance) ainsi que les carences en vitamines et minéraux (micronutriments). Ces formes de malnutrition ont des conséquences graves sur le développement cognitif, la morbidité, la mortalité des populations touchées et sur la croissance des pays en général.
Au Laos, plus de 30% des enfants souffrent de malnutrition chronique et 9% de malnutrition aiguë. L'anémie, qui affecte la moitié des femmes enceintes, révèle des prévalences élevées de carences en micronutriments dans le pays.
Le projet NutriLao a pour ambition d’optimiser les qualités nutritionnelles et de production d’aliments prêts à l’emploi, fabriqués à partir de ressources agro-écologiques locales par l’entreprise sociale, Maï Savanh Lao (MSL), en collaboration avec une équipe de recherche de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Ce projet s’appuie sur la participation des femmes des communautés bénéficiaires de l’intervention, à chaque étape du processus de conception.
L'objectif final est de prévenir et de traiter la malnutrition chez les enfants et les femmes en âge de procréer, avant et pendant la grossesse ainsi que durant l'allaitement. A plus long terme , le projet vise à réduire la prévalence des retards de croissance chez les enfants, au Laos et au-delà.
Ce produit prêt à l’emploi pourra être intégré dans les programmes du ministère de l’Éducation, du Programme Alimentaire Mondial (PAM), de l’UNICEF ou d’ONG afin d’améliorer l’environnement alimentaire des écoles.
Les principaux impacts attendus du projet incluent la production, la disponibilité, l'accessibilité à la fois physique et économique d'aliments prêts à l'emploi innovants, nutritifs et sains produits par Maï Savanh Lao. Ces aliments destinés à être intégrés dans le régime alimentaire de la population et ainsi améliorer son statut nutritionnel. De plus, le projet pourrait renforcer les compétences de l'entreprise pour développer et produire des aliments nutritifs adaptés à des objectifs nutritionnels spécifiques, notamment pour les groupes à risque.
La production d’aliments prêts à l’emploi à partir de ressources agro-écologiques locales, en particulier le Sacha Inchi, sera optimisée par des pratiques durables, réduisant les pertes d'ingrédients et introduisant de nouveaux procédés, comme la cuisson-extrusion. Ce mode de cuisson réduit le temps et le coût de production, permet de fabriquer une large gamme de produits alimentaires avec des textures variées, préserve les nutriments et augmente leur durée de conservation. La maîtrise par Maï Savanh Lao du processus de production d’aliments prêts à l’emploi facilitera leur diffusion aux niveaux national et régional.
A plus long terme, l’idée est de partager ce savoir-faire en « open source » pour l’adapter à d’autres pays dans le monde afin de venir en aide aux populations les plus démunies.
Des formulations de barres nutritionnelles ont été développées et des essais de recettes à base d’aliments issus de l’agro-écologie locale ont été réalisés. Une trentaine de recettes ont été testées pour identifier, en plus des critères nutritionnels, les meilleures options garantissant un fonctionnement fiable et efficace des équipements. Ces recherches ont permis à Maï Savanh Lao de comprendre quelles quantités de chaque ingrédient spécifique pouvaient être utilisées dans la fabrication à grande échelle.
Par la suite, une étude d’appétence a été menée pour sélectionner la formulation la plus appréciée sur le plan gustatif. Sur le plan nutritionnel, chaque barre alimentaire est conçue pour apporter des macronutriments et des micronutriments (vitamines, minéraux), ainsi que des acides gras essentiels, permettant de compléter l’alimentation quotidienne, particulièrement pour les enfants et les femmes en âge de procréer. Bien que ces barres ne soient pas encore commercialisées, elles sont distribuées gratuitement dans les écoles locales. Le projet à venir a pour objectif de garantir la durabilité de cette distribution, soit en maintenant la gratuité, soit en proposant un coût très faible.
Toutefois, un aspect à améliorer concerne l’emballage, actuellement en plastique, qu'il faut remplacer par un matériau résistant aux conditions tropicales. Une collaboration avec le CERMAV (CNRS Grenoble) est en cours pour trouver une alternative. De plus, grâce à la ferme école en cours de création, tous les ingrédients, à l'exception des vitamines et micronutriments, seront bientôt agro-sourcés localement, incluant le Haricot Mungo, actuellement importé.
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