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Un programme dans les classes en Inde visant à améliorer le bien-être des élèves pour de meilleurs résultats scolaires

Stade d'avancement
Nov. 2024 à Oct. 2025
  • Inde
  • Éducation
  • Nov. 2024 à Oct. 2025

L'ONG indienne Labhya, en partenariat avec le gouvernement de Tripura, propose un programme d’apprentissage visant à améliorer le bien-être d’élèves issus de familles à faibles revenus dans le nord-est de l’Inde. Le financement du FID vise à comprendre l'impact potentiel de ce programme sur les résultats scolaires des élèves ainsi que sur leur développement socio-émotionnel.

Projet déployé par :

Le contexte

En Inde, les jeunes sont particulièrement touchés par les maladies liées à la santé mentale. Des études indiquent qu’un quart des Indiens âgés de 13 à 15 ans a déjà connu une phase de dépression (Llamba 2020 ; Thomas 2020). Ce phénomène a été exacerbé par la Covid-19. Lors d'une grande enquête du Conseil indien de recherche et de formation en éducation (NCERT) publiée en septembre 2022, 81 % des 379 000 élèves de collège et de lycée interrogés déclarent que « les études, les examens et les résultats [leur] causent de l'anxiété ».]

La vulnérabilité des jeunes aux problèmes de santé mentale a d’importantes répercussions sur le bien-être socio-émotionnel, et par conséquent sur leurs résultats scolaires et leurs conditions de vie (Currie et Stabile 2007). En milieu scolaire, une détérioration de la santé mentale peut se traduire par de faibles performances académiques. Et à l’inverse le traitement des problèmes de santé peut potentiellement améliorer le bien-être et les résultats en classe.

Alors que les interventions visant à améliorer le bien-être et la santé mentale à l’école se multiplient en Inde, et plus largement, leur efficacité reste encore faiblement documentée. Le présent projet contribue à pallier ce manque.

L’innovation

Partant de cette hypothèse, Labhya a co-créé le programme éducatif holistique « Saharsh Curriculum » en collaboration avec le gouvernement de Tripura. Une classe quotidienne axée sur le bien-être nommée « Saharsh » a été intégrée dans le programme scolaire existant et la journée d’école. Cette classe inclut des sessions de pleine conscience, des récits réflexifs et des activités stimulantes qui visent à travailler sur le bien-être global des élèves et la gestion socio-émotionnelle des élèves. Chaque jour, le programme remplace 2 à 3 minutes de chaque heure de cours, libérant ainsi un total de 30 minutes pour une classe “Saharsh” au début de chaque journée.

L’objectif de cette initiative est d’encourager tout au long de la vie l'utilisation de techniques d’apprentissage qui mettent l’accent sur les aspects sociaux et émotionnels des élèves de primaire.

Le financement du FID a permis, de mettre en œuvre le programme durant deux années scolaires (2023-2024 puis 2024-2025) dans les écoles publiques de Tripura, qui accueillent les enfants des familles les plus vulnérables, de la première à la huitième année. Le financement a aussi permis de collecter des données sur l'impact, via une étude randomisée conduite par des chercheurs en économie et en politiques publiques auprès de 100 écoles primaires.

Résultats et apprentissages

Les interventions sur deux ans, de 2023 à 2025, ont touché 29 164 étudiants et 2 089 enseignants dans 100 écoles de l’Etat de Tripura. À la fin de la seconde année scolaire d’évaluation du projet (2024-2025), les résultats finaux sont particulièrement encourageants. L’évaluation montre :

  • Une** amélioration significative de l’intelligence fluide**, soit la capacité à raisonner logiquement et à résoudre des problèmes (+0,11 écart-type).
  • Une amélioration nette des résultats en mathématiques en seconde année même avec un soutien réduit du programme, équivalent à une année scolaire supplémentaire (+0,26 écart-type). Par exemple, 51% des élèves participant au programme Saharsh sont capables d’effectuer de longues divisions, comparé à 33 % au sein du groupe n’ayant pas participé.
  • Un programme prometteur du point de vue coût-efficacité : une amélioration de 0,1 d’écart-type en mathématiques coûte en moyenne 4,47 euros par an. Ce chiffre est estimé pouvoir descendre jusque 0,69 euros après appropriation complète par le gouvernement.
  • L’impact de l’intervention est en revanche moins significatif sur l’anxiété et la santé mentale, surtout en seconde année. Cela suggère que Saharsh permet avant tout de renforcer les compétences et la gestion socio-émotionnelle individuelle, elles-mêmes favorables aux apprentissages. Alors que la première année d’évaluation montrait un effet plus significatif chez les filles (-0,12 écart-type), les plus pauvres et chez celles et ceux qui présentent les signes d’anxiété les plus marqués (-0,3 écart-type), il n’existe plus de différence marquée la seconde année entre les différents groupes. De même, l'intervention pas eu d’effet tangible sur les apprentissages en lecture.

L’ensemble de ces résultats suggèrent que, bien que ces interventions remplacent quelques minutes quotidiennes de cours traditionnels, les investissements dans le bien-être des élèves ne se font pas au détriment des résultats scolaires ; au contraire, ils peuvent les compléter et même les améliorer, en faisant un outil essentiel pour faire face aux défis de l’apprentissage.

L’équipe a beaucoup appris de cette première évaluation d’impact, et continuera à apprendre lors du déploiement de ce programme dans d’autres contextes. Le projet est déjà mis en oeuvre dans 3 Etats en Inde et touche 2,5 millions d'enfants.

Après avoir évalué le programme dans des conditions réelles dans l'Etat du Tripura, une mise à l’échelle est prévue avec l’Etat du Gujarat, auprès de 7 millions d’élèves supplémentaires, soit 9,5 millions au total, leur donnant ainsi l’opportunité d’améliorer leurs apprentissages et leur bien-être mental tout au long de leur vie.

    L'équipe et le partenaire de recherche

    Kevin Carney est un économiste du développement qui a obtenu un doctorat en politique publique à l'université de Harvard et une bourse postdoctorale à l'université de Chicago. Il est professeur adjoint d'économie à l'Université du Michigan.

    Avinash Moorthy est doctorant en politique publique à la Harvard Kennedy School.

    J-Pal possède une vaste expérience en matière de développement, d'évaluation et d'extension des interventions de développement, dont plus de 15 ans en Inde, y compris de nombreux projets réussis soutenus par les fonds DIV et FID. Depuis 2007, les chercheurs affiliés au J-PAL ont réalisé 235 évaluations en cours et achevées sur le site en Asie du Sud.

    Enfants dans une salle de classe
    Labhya

    Labhya

    Labhya est une organisation indienne à but non lucratif qui a pour objectif d’intégrer dans les structures institutionnelles des programmes visant à améliorer la qualité de l'éducation et le bien-être des enfants.

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