Une initiative pédagogique et technologique pour améliorer l’enseignement secondaire au Bangladesh

La pandémie de COVID-19 a provoqué la fermeture massive des écoles et une crise mondiale de l’enseignement. Selon l’UNESCO (2021), 19 pays sur 20 ont fermé leurs écoles lors d’une période médiane de 17 semaines, ce qui a fortement perturbé les apprentissages. Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves de 2022 montre que la plupart des enfants dans le monde rencontrent désormais des difficultés à comprendre des concepts fondamentaux (Banque mondiale Blogs, 2024).

Au Bangladesh, les conséquences ont été très importantes. Après la pandémie, plus d’un quart des élèves âgés de 14 à 15 ans n’ont pas atteint les compétences de référence dans des matières clés comme le bengali, l’anglais et les mathématiques (CAMPE, 2023). Ces retards d’apprentissage augmentent le risque d’abandon scolaire : les garçons sont poussés par des pressions économiques à quitter l’école pour travailler et les filles sont vulnérables au mariage précoce (Makino et al., 2023).

En réaction, le gouvernement du Bangladesh a créé des ressources d’apprentissage en ligne en 2015 et a renforcé ses efforts d’éducation numérique lors de la pandémie (NAPE et Room to Read, 2020). Entre 2015 et 2023, le gouvernement du Bangladesh a créé plus de 4000 Sheikh Russel Digital Labs dans les écoles. Chacun de ces laboratoires informatiques est équipé d’ordinateurs pour les étudiants. Le plan prévoit de créer 5000 autres laboratoires dans les années à venir. Le plan stratégique Smart Bangladesh-2041 lancé en 2023 vise à garantir un accès universel à l’éducation numérique.

Cependant, ces laboratoires sont sous-exploités. Bien que 96 % des directeurs expliquent qu’ils sont utilisés régulièrement, ces cours restent en grande partie théoriques et offrent aux étudiants une expérience pratique limitée. Le rapport de référence du projet attribue cette sous-utilisation à un manque de formation des enseignants dans le domaine des technologies et de la pédagogie hybride, ainsi qu’à une absence de politiques pour l’utilisation obligatoire de ces laboratoires. De plus, les ressources en ligne atteignent avec difficulté les étudiants ruraux à faibles revenus, car ils ne disposent pas d’un accès adapté à Internet chez eux (UNICEF, 2020).

Le projet exploite les infrastructures technologiques sous-exploitées dans les écoles secondaires du Bangladesh afin d’améliorer les résultats d’apprentissage et de lutter contrer les menaces socioéconomiques comme le travail des enfants et les mariages précoces. En associant enseignement traditionnel et pédagogie numérique, il cherche à rendre la technologie accessible et efficace pour tous les étudiants, même dans les régions qui connaissent une fracture numérique profonde.

L’intervention inclut :

• La formation des directeurs et professeurs : Cette initiative a commencé par la formation pratique et en présentiel des directeurs et professeurs afin qu’ils intègrent les technologies et utilisent des méthodes d’enseignement hybrides. Cette formation organisée en septembre 2023 a abordé des sujets essentiels, dont les contenus éducatifs, la pratique et les stratégies de mise en œuvre.

• Des contenus éducatifs hors ligne choisis avec soin : Ce projet propose 40 vidéos éducatives sur l’anglais et les mathématiques adaptées au programme national. Ces vidéos créées par des formateurs expérimentés abordent des concepts clés et sont accessibles dans les laboratoires informatiques des écoles. Elles permettent un apprentissage numérique structuré.

• Des cours obligatoires dans les laboratoires : Toutes les écoles du projet reçoivent une formation et les contenus, mais certaines ont l’obligation d’organiser des cours toutes les semaines en utilisant les laboratoires. Cette obligation garantit un engagement constant et maximise les effets des ressources numériques.

Ce projet, soutenu par le Fonds d’évaluation d’impact stratégique de la Banque mondiale, a mené une enquête de référence dans 466 écoles, classées en trois groupes : intervention légère, intervention forte et groupe de contrôle. Les premiers résultats d’une enquête téléphonique à mi-parcours montrent une augmentation importante de la fréquence des cours en laboratoire, ce qui prouve l’efficacité de l’intervention. Le financement du FID permettra de mener l’enquête finale, de mesurer les effets généraux du programme et d’orienter les futures stratégies éducatives.

Ce projet vise à améliorer les résultats d’apprentissage des étudiants et à promouvoir le maintien scolaire en exploitant l’éducation numérique et en améliorant l’engagement des étudiants et des professeurs. Les résultats attendus clés sont :

1. De meilleurs résultats d’apprentissage : En augmentant la fréquence des cours en laboratoire en anglais et en mathématiques et en améliorant les compétences et la confiance des professeurs dans le domaine des technologies, le projet s’attend à des améliorations mesurables des résultats des étudiants lors des tests.

2. Un meilleur maintien scolaire : Avec de meilleures performances académiques et un environnement d’apprentissage motivant, le projet vise à réduire les taux d’abandon scolaire et à maintenir plus d’étudiants à l’école, limitant ainsi les risques de travail des enfants et de mariages précoces.

3. Une plus grande utilisation des ressources numériques : Avec des formations ciblées et l’organisation obligatoire de cours en laboratoire, les professeurs et les étudiants seront plus à l’aise avec les contenus numériques, ce qui permettra une utilisation durable et efficace des technologies dans les salles de classe.

4. Un meilleur engagement des professeurs : Le projet s’attend à ce que les professeurs se montrent plus confiants et intègrent les technologies de l’information et de la communication à leurs cours pour un meilleur engagement des étudiants et une expérience éducative plus interactive et plus encourageante.

Ensemble, ces résultats visent à créer un modèle plus inclusif, efficace et durable d’éducation numérique au Bangladesh.