Une expérience médiatique pour réduire les violences entre partenaires intimes au Bangladesh

Les violences entre partenaires intimes sont un problème de santé publique et violent les droits fondamentaux des femmes. Une étude de 2018 a montré que 26 % des femmes mariées ou en couple de 15 ans ou plus avaient déjà connu des violences commises par un partenaire masculin. Ce chiffre monte jusqu’à 33 % en Asie du Sud-Est. Les effets de ces violences sont graves puisqu’elles nuisent à la santé maternelle, au développement des enfants, à l’accès aux soins prénataux et aux accouchements par des professionnels qualifiés (Leight and Wilson, 2021). Les enfants exposés à ces violences minimisent souvent ces comportements, les estiment normaux et perpétuent le cycle de la violence sur plusieurs générations. De plus, ces violences contribuent à des taux plus élevés d’homicides et de difficultés psychologiques, y compris de cas de dépression et de suicide (Ellsberg et al., 2008).

Une telle instabilité renforce les obstacles rencontrés par les femmes. Celles qui connaissent des difficultés financières en subissent bien plus fortement les effets puisque les violences augmentent les coûts liés aux soins de santé ainsi que les pertes de revenus, une situation qui les empêche grandement d’atteindre la stabilité économique (Aizer, 2010). Les normes de genre et le déficit de compétences socio émotionnelles figurent parmi les principaux facteurs de ces violences (Organisation mondiale de la Santé, 2021). Les attitudes sociales dominantes peuvent justifier l’autorité et la violence des hommes, renforcer des dynamiques néfastes et influencer les comportements sur plusieurs générations (Perrin et al., 2019).

Les données montrent qu’une formation aux compétences socioémotionnelles peut réduire la violence dans les groupes à haut risque (Blattman et al., 2017). Cependant, son efficacité dans des groupes plus larges reste incertaine. Pour traiter ces facteurs sous-jacents, il faut élaborer des interventions qui encouragent des relations plus sûres et plus équitables.

Pour lutter contre cette problématique très répandue des violences entre partenaires intimes, le BRAC Institute of Governance and Development a lancé une intervention qui se base sur l’éducation par le jeu. Son objectif est de refaçonner les normes sociales et d’encourager des comportements sains grâce à des interventions médiatiques :

• Changer les normes : La campagne se base sur la popularité d’acteurs connus qui servent de modèles afin de pousser le public à participer et afin de renforcer le message sur la masculinité positive et la non-violence. En montrant que la non-violence est un signe de force et de respectabilité, la campagne encourage les hommes à redéfinir les notions de masculinité et de respect au sein de leurs communautés.
• Acquérir des compétences : Les troubles politiques au Bangladesh ont poussé à modifier le projet. Pour garantir l’efficacité de la collecte des données et de la sélection des participants, l’équipe fait appel à des agent.es recenseurs expérimenté.es, plutôt qu’à des bénévoles locaux qui ont besoin d’une formation approfondie.
• Campagne de sensibilisation à la santé : Une campagne neutre qui diffuse des messages sur des pratiques essentielles comme le lavage des mains, la purification de l’eau ou l’hygiène personnelle sert de référence afin d’évaluer les effets de l’intervention dédiée aux violences entre partenaires intimes.

Cette intervention est adaptée à la culture et peut-être étendue et ainsi réduire les violences basées sur le genre. Le financement du FID va permettre l’évaluation rigoureuse de ces interventions afin de mesurer leur rentabilité et leur potentiel d’amplification.

Cette intervention vise à obtenir des données claires sur l’efficacité de supports éducatifs pour réduire les violences entre partenaires intimes au Bangladesh. Elle cherche à modifier les normes sociales néfastes, à améliorer les compétences émotionnelles et de communication des hommes et à encourager des relations plus saines.

Parmi les effets attendus, nous pouvons citer la réduction des violences, l’amélioration de la santé mentale des familles et la mise en place d’environnements plus sûrs pour les femmes et les enfants. En outre, le projet permettra aux hommes de défendre le changement, pour un effet durable sur les communautés et une approche qui pourra être étendue afin de promouvoir l’égalité des genres et de prévenir la violence.

De plus, les résultats de l’intervention bénéficient d’un soutien additionnel de l’International Growth Centre. Il vient compléter le cadre d’évaluation strict financé par le FID.