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Entretiens et opinion
Afrique du Sud
Santé


Le programme de soutien par les pairs Coach Mpilo vise à aider les hommes atteints du VIH en Afrique du Sud, chez qui les résultats thérapeutiques sont moins bons. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Brendan Maughan-Brown, un chercheur de l’Unité de recherche sur le travail et le développement en Afrique australe (SALDRU) de l’Université du Cap et l’un des évaluateurs principaux du programme, explique l’objectif de Coach Mpilo, des raisons qui ont poussé l’équipe du programme à se concentrer sur les hommes atteints du VIH, et de l’importance d’évaluer de tels programmes dans le contexte actuel.
L’Afrique du Sud compte encore la plus grande population de personnes atteintes du VIH dans le monde, c’est-à-dire huit millions de personnes, soit près d’un adulte sur cinq. Malgré un meilleur accès à la thérapie antirétrovirale (TAR), le pays continue à enregistrer environ 165 000 nouveaux cas par an, et 50 000 décès liés au SIDA (ONUSIDA, 2024).
Le traitement permet aux patients de vivre longtemps en bonne santé avec le VIH et il est disponible gratuitement dans les établissements publics de santé. Cependant, il reste une grande difficulté : garantir que toutes les personnes vivant avec le VIH commencent leur traitement et le poursuivent. Les inégalités entre les genres sont particulièrement fortes. Environ 81 % des femmes vivant avec le VIH suivent un traitement, contre 73 % seulement des hommes.
Les recherches montrent que la plupart des hommes savent que le traitement est efficace, qu’il permet de vivre en meilleure santé, qu’il prévient les maladies et la transmission, et pourtant beaucoup ne commencent pas de traitement ou ne le poursuivent pas. Les obstacles sont souvent psychosociaux, ancrés dans la peur et les attentes sociales : la peur de la stigmatisation et de la discrimination, de perdre des amis, des partenaires ou leur statut social. Tous ces obstacles peuvent empêcher les hommes de demander de l’aide. Pour beaucoup, le diagnostic est vécu comme un échec personnel ou la fin de la vie telle qu’ils la connaissaient, un événement qui conduit au repli sur soi et au désespoir.
Ces difficultés sont particulièrement fortes dans le KwaZulu-Natal, la province du pays avec le plus haut taux de VIH (environ 23 %). C’est dans ce contexte, et en réaction aux difficultés particulières vécues par les hommes, que le programme de soutien Coach Mpilo a été imaginé. Son objectif est d’améliorer la santé et le bien-être des hommes atteints du VIH.
Coach Mpilo est un programme de soutien basé sur les pairs qui vise à aider les hommes à surmonter les obstacles psychosociaux et pratiques qui les empêchent de commencer ou de poursuivre un traitement contre le VIH.
L’idée est simple, mais forte : recruter des hommes qui vivent ouvertement avec le VIH et suivent un traitement afin qu’ils accompagnent et soutiennent d’autres hommes atteints par le virus. Le mot « Mpilo » signifie « vie » en zoulou, un nom bien choisi pour un programme qui vise à accompagner les hommes tout au long de leur parcours de santé, comme un coach le ferait dans le domaine sportif.
Ce projet est innovant, car il adopte une approche relationnelle et basée sur l’expérience pour soutenir les hommes qui ne sont pas enclins à suivre un traitement. Les coachs reçoivent une formation sur la confiance, apportent un soutien émotionnel et aident les hommes à comprendre l’environnement médical et les difficultés de la vie avec le VIH, y compris la stigmatisation et la peur. Lors des premières rencontres entre les coachs et les bénéficiaires, ils doivent d’abord construire une relation. Ils se rencontrent souvent deux à trois fois pour créer un lien personnel. Ensuite, les contacts deviennent flexibles et prennent la forme de rencontres, d’appels ou de messages, l’objectif étant de s’adapter aux besoins des participants.
Cette approche se construit contre une idée fausse, mais répandue, mentionnée dans des recherches antérieures sur les inégalités de genre dans le cadre du traitement du VIH : le taux de traitement plus faible chez les hommes s’expliquerait par un sentiment de masculinité, par le fait qu’ils se sentiraient « trop forts » pour suivre un traitement ou demander de l’aide. En fait, les éléments montrent que cette hypothèse est bien souvent fausse. Beaucoup d’hommes disent se sentir isolés et effrayés après leur diagnostic, et qu’ils sont souvent incapables de se souvenir d’un autre homme qu’ils connaissent atteint du VIH. Le modèle Coach Mpilo s’attaque directement à ce sentiment d’isolement.

Le programme a déjà été testé dans différentes régions d’Afrique du Sud et a obtenu des retours très positifs, ce qui montre une demande claire puisque tous les hommes contactés ont accepté de participer. Cependant, aucun essai contrôlé randomisé n’avait été mis en place pour générer des données rigoureuses sur l’efficacité du programme, sa portée et ses cibles.
Notre évaluation vise à produire des éléments solides sur l’efficacité et la rentabilité de cette intervention. Ces données sont essentielles, alors que les financements des programmes de santé sont revus à la baisse partout dans le monde. Nous étudierons les effets de l’intervention sur la santé et la situation socioéconomique des hommes. À cause du recul des donations, beaucoup de services ont dû réduire leurs activités et l’Afrique du Sud doit renforcer sa prise en charge nationale de la lutte contre le VIH. Il est donc essentiel que le gouvernement comprenne les avantages et les coûts des différents programmes qu’il pourrait souhaiter soutenir. Comprendre si une intervention de ce type fonctionne permet de faire de grands progrès pour une utilisation efficace des ressources.
De plus, en étudiant des résultats qui sont moins souvent mesurés, comme l’amélioration du bien-être émotionnel et de la santé mentale, nous espérons comprendre si ces bénéfices peuvent aussi contribuer à une amélioration plus générale de la vie des participants.
L’équipe travaille déjà avec le ministère de la Santé et d’autres partenaires pour sensibiliser à cette étude et créer un espace de discussion pour partager les résultats et échanger sur les futures orientations. Nous avons l’intention de lancer l’étude lors du premier semestre 2026. Si le programme Coach Mpilo se montre efficace, l’objectif sera de le déployer dans tout le pays et de l’intégrer aux programmes et services nationaux dédiés au VIH, surtout dans les zones fortement touchées.
Dans le contexte de la crise mondiale du financement, il faudra certainement combiner investissements nationaux et donations externes pour permettre le déploiement à plus grande échelle des programmes efficaces dédiés aux traitements. Grâce aux données solides issues de l’évaluation du programme Coach Mpilo, les organisations qui luttent pour un meilleur taux de traitement contre le VIH en Afrique du Sud pourront mobiliser leurs propres donateurs et prendre part à la mise en place plus large du programme. Avec cette étude, notre équipe cherche à apporter des données rigoureuses et pratiques qui peuvent renforcer la réponse mondiale à l’épidémie de VIH.
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